Dans la crise sécuritaire au Burkina, les femmes sont les plus vulnérables. Elles représentent avec les enfants 84% des personnes déplacées internes dans les camps. Ces survivantes sont des héroïnes selon l’ONG OXFAM au vu des rôles qu’elles jouent. L’ONG a procédé au lancement ce jeudi 4 juin 2020 à Ouagadougou, d’un rapport établi sur les difficultés qu’elles rencontrent afin d’interpeller les aides humanitaires et les autorités à apporter des réponses adéquates à leurs conditions.
En avril 2020, le pays comptait plus de 848 000 personnes déplacées internes, dont 84% de femmes et d’enfants. Par ailleurs, 2,2 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, indique la note informative du rapport intitulée « Les femmes dans la crise sécuritaire au Burkina : survivantes et héroïnes ».
La présente recherche s’est intéressée à l’impact de la crise actuelle sur la protection et la sécurité des femmes et des filles, et leurs besoins fondamentaux.
Elle met en évidence les immenses lacunes dans la réponse humanitaire, les vulnérabilités et risques auxquels les jeunes filles et les femmes sont exposées et les stratégies d’adaptation mises en œuvre par celles-ci.
La présente recherche confirme, sur le plan humanitaire, l’analyse du Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation burkinabè (CONASUR) et les résultats des évaluations qui se sont succédées depuis le plan de réponse humanitaire de juillet 2019.
Il en ressort que dans sa forme actuelle, la réponse humanitaire ne suffit pas pour répondre à l’ampleur des besoins des populations déplacées et des communautés hôtes.
Globalement, la réponse humanitaire est « limitée », « tardive » et demeure « extrêmement insuffisante ». Qualifiée d’« inexistante» à Djibo ou Pissila (notamment pour les populations hôtes) ou de « largement insuffisante » ailleurs, tant par les acteurs que par les femmes consultées, l’aide humanitaire n’intègre pas ou peu les besoins des communautés hôtes, ni ceux des jeunes filles et des femmes.
Les femmes ont identifié plusieurs besoins prioritaires, comme l’accès à l’eau, ainsi que les besoins en vivres, abris et éducation.
L’insécurité est permanente. Dans les sites accueillant les personnes déplacées, elles souffrent également de harcèlement au moment de s’enregistrer pour bénéficier d’une aide humanitaire, lit-on toujours dans la note de Oxfam.
L’ensemble des acteurs et des femmes consultées confirment l’ampleur des traumatismes psychologiques découlant du conflit et amplifiés par le déplacement forcé et le degré extrême de privation qui s’ensuit.
Malgré tous ces maux, reconnait Papa Sosthène Konaté, directeur pays de Oxfam, « dans ces sites, ce sont les femmes qui assurent tout le quotidien familial, l’accès à l’eau, la recherche du bois, les activités quotidiennes pour le bien-être de la famille. Ce sont elles qui traduisent toute l’éducation aux enfants, raison pour laquelle nous les appelons héroïnes pour ces temps de crise ».
Le rapport fait ressortir également le rôle des femmes dans la cohésion sociale et la construction de la paix au Burkina Faso et recommande l’inclusion de celles-ci dans les organes chargés de la médiation et de la résolution des conflits.
La ministre de la femme et de la solidarité nationale, qui a présidé la cérémonie de lancement du rapport, a félicité Oxfam pour cette étude, car elle s’est intéressée à une cible importante pour son département.
« C’est donc un devoir de venir les écouter afin de peaufiner notre approche pour avoir une réponse plus adaptée aux besoins de ces populations », dit-elle.
Elle était porteuse d’une missive du président à l’endroit des personnes déplacées de Kaya venues témoigner de leur situation.
« Son excellence le président du Faso a une préoccupation très importante pour les personnes déplacées et plus particulièrement les femmes. Il me fait transmettre tous ses encouragements. Il dit qu’il n’aura le sommeil que lorsque vous serez en situation de sérénité et de paix sur la terre de nos ancêtres », a-t-elle livré.
BURKINA 24