La photographe, dont la victoire a été annoncée le mercredi 15 juillet, a remporté ce prix grâce à sa série de photos « Double identité » (Femme du Kivu), qui met en exergue la double identité des femmes de Goma (Est de la RDC).
Le prix Dior de la photographie et des Arts visuels est organisé par Christian Dior Parfums, en collaboration avec l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et la Fondation Luma à Arles. Objectif : mettre en lumière les jeunes artistes visuels issus des plus grandes écoles internationales d’art et de photographie. Les 14 créatifs en lice devaient présenter leurs œuvres lors des rencontres de la photographie d’Arles autour du thème « Face To Face ». Le jury s’est réuni virtuellement et a délibéré à distance et choisi les onze lauréats et trois mentions du jury pour ce Prix 2020.
C’est par l’intermédiaire d’une exposition digitale dévoilée à l’annonce du gagnant ce mercredi 15 juillet, que le public peut découvrir le travail qu’ils ont effectué autour du thème « Face to face »,
Pamela Tulizo, qui vit actuellement à Johannesburg, a été formée à l’École Market Photo Workshop de Johannesburg. A travers sa série d’autoportraits baptisée “Double Identité”, elle a choisi de faire contraster la richesse et les conflits identitaires des femmes de Goma via des clichés poignants et interpellant. Ces photographies, avec les oeuvres visuelles de 11 lauréats et de 3 mentions du jury, peuvent être vues via l’exposition digitale sur le site de Luma Arles.
Double identité des femmes de Goma
Composée de 13 portraits, la série « Double Identité » (Femme du Kivu), par un jeu de croisements de regards, met en exergue la double identité des femmes de Goma : regard extérieur de la presse notamment, qui véhicule d’elles une image de victime et celui plus intimiste, qui dévoile la manière dont elles aimeraient être représentées: des femmes belles, fortes et en lutte contre les injustices sociales.
« Partant de la réalité urbaine de Goma et du quotidien de femmes du Kivu, Pamela Tulizo met en scène leur dualité identitaire via, entre autres, la photographie et le recours à des acteurs, mannequins, acteurs de théâtre et danseurs. Double Identité s’ancre dans le contexte d’instabilité politique que connaît le Nord Kivu depuis plus de 20 ans, en raison notamment de conflits liés à la forte concentration de minerais enfouis dans son sous-sol et de la fertilité de ses terres. Pamela Tulizo déplore le traitement partial que réservent presse internationale, ONG, chercheurs, artistes, etc. à la province et plus particulièrement à Goma, en n’en retenant que les aspects négatifs (guerres ethniques, pauvreté, viols, épidémie d’Ebola, conflit en Ituri, instabilité économique, catastrophes naturelles,..) au détriment de l’évocation de l’énergie et du courage de leurs habitants », indique la Biennale de Lubumbashi, à laquelle la jeune photographe a pris part en 2019.
Expression de l’identité féminine
Journaliste de formation et de profession, Pamela Tulizo, passionnée de photographie, a commencé, en 2015, ses recherches dans les techniques et les basics de la photographie grâce à ses amies déjà photographes évoluant dans sa ville de Goma. Elle a aussi appris les techniques de la documentation d’histoire avec la photographie. Après ses études de journalisme, elle a intégré le Market Photo Workshop de Johannesburg, en Afrique du Sud, dont elle sort diplômée en 2019. Son travail est essentiellement centré sur les expressions de l’identité féminine. Dans sa série Double Identité, elle incarne donc une femme congolaise oscillant entre son identité et le rôle qui lui est attribué par la société mondialisée. Réalisées à Goma dans la région du nord Kivu en République Démocratique du Congo, ses photographies sont les témoins de l’instabilité politique, écologique et économique de cette province congolaise. Avec ce travail, Pamela Tulizo dénonce le portrait victimaire dressé par les médias à propos des femmes de la région et expose leur incroyable force de résilience pour un futur meilleur.
« La photographie est l’une des voies de communication qu’elle utilise pour entrer en parfait dialogue avec sa communauté, et le monde entier. Dans son monde imaginaire, Pamela s’imagine et s’incarne dans les personnages que l’on retrouve dans ses différents clichés afin de présenter ou raconter une autre facette de la femme avec une sorte de courage, d’énergie, de détermination, d’engagement et de force. L’idée dans son travail est de faire sortir sa communauté d’une autre forme de tradition au sujet de la place de femme. Ses photographies mettent en parallèle l’image de la femme ancienne au modèle de la femme contemporaine. Les femmes, la jeune fille trouvent une place dans le contenu de son travail et qui le conduit parfois dans un monde qu’elle-même Pamela Tulizo l’identifie d’imaginaire », explique la Biennale de Lubumbashi.
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