TRIBUNE

TRIBUNE (22)

Une femme est à l’hôpital, sur le point d’accoucher. Elle reçoit un appel de son employeur, qui lui notifie son renvoi, car sa grossesse est considérée comme une faute grave. Un médecin légiste se voit empêcher de pratiquer son métier car un nouveau décret le juge inapproprié pour les femmes. Une secrétaire est congédiée après avoir confié à ses collègues qu’elle était harcelée sexuellement par son chef.

Monsieur Jacques MorissetPoliticiens et économistes s’acharnent souvent à décortiquer des centaines de données pour trouver des solutions compliquées jusqu'à en oublier l'évidence qui saute aux yeux ! Alors que la Côte d'Ivoire développe des stratégies complexes pour réussir à devenir une économie à revenu intermédiaire, elle a tendance à négliger le rôle des femmes qui souffrent généralement de profondes inégalités et difficiles à ignorer. Elles sont pourtant le moyen le plus simple et le plus rapide pour atteindre l’émergence économique.

Pinelopi Goldberg, Economiste en chef, Groupe de la Banque mondialeSi l’on assiste aujourd’hui, dans le monde entier, à la montée en puissance des enjeux de l’égalité des sexes, les conditions de vie des femmes restent particulièrement difficiles dans les pays en développement. C’est une priorité que nous devons prendre au sérieux, en actant que les femmes représentent 50 % de la population et que leur bien-être est important.

Selon l'Union interparlementaire, dans les 75 assemblées législatives que compte le continent, on recense 16 femmes au perchoir. Ces pays sont la République démocratique du Congo, la Gambie, Madagascar, le Malawi, le Mozambique, le Rwanda, l'Afrique du Sud, le Togo, l'Ouganda, la Guinée équatoriale, l’Eswatini (anciennement le Swaziland), l'Éthiopie, le Gabon, le Lesotho, le Libéria et le Zimbabwe. La région est aujourd'hui en deuxième position après l'Europe, qui compte 17 femmes présidentes de Parlement sur 70 instances législatives. Sa situation contraste fortement avec celle de l’Asie, qui en compte huit, et de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, qui n’en possède qu’une.

Jim Yong Kim, ancien président du Groupe de la Banque mondiale« Les femmes portent la moitié du ciel », estimait Mao Zedong. Pensez aux femmes autour de vous — mères, épouses, filles, sœurs, tantes et grand-mères — et vous lui donnerez raison. Mais le monde des affaires n’a pas encore intégré cette réalité, ce qui pénalise la société tout entière.

António Guterres, Secrétaire général de l'ONU

Déclaration du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres

La pandémie de COVID-19 affecte tout le monde, partout.

Mais elle affecte différemment différents groupes de personnes, aggravant les inégalités existantes.

Les premières données indiquent que les taux de mortalité par COVID-19 pourraient être plus élevés pour les hommes. Mais la pandémie a des conséquences sociales et économiques dévastatrices pour les femmes et les filles.

Anita Bhatia, directrice exécutive adjointe d’ONU FemmesLes gouvernements du monde entier ont des difficultés à contenir la pandémie liée au COVID-19. Bien que certaines voix aient signalé ses impacts sur les femmes, les préoccupations de genre n’influencent pas encore les décisions prises, principalement par des dirigeants masculins. En même temps, un grand nombre des impacts du COVID-19 touchent surtout les femmes.

Avec 90 pays en confinement, quatre milliards de personnes sont appelées aujourd’hui à rester chez elles pour se protéger contre la contagion mondiale du Covid-19. Mais cette mesure de protection cache un autre danger mortel. Nous voyons se développer une pandémie fantôme, celle de la violence à l’égard des femmes.

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