Les inégalités salariales entre les hommes et les femmes tendent à se réduire depuis quarante ans, mais elles persistent. L'écart salarial dans le privé, estimé par l'Insee, dans une étude publiée ce jeudi, à 16,8 % pour un poste à temps complet, s'explique moins par de la discrimination que par la difficulté qu'ont les mères de famille à accéder aux postes les mieux rémunérés.
Faut-il y voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Les inégalités salariales entre les hommes et les femmes sont persistantes , mais elles tendent à se réduire dans le temps. Dans une étude publiée ce jeudi, portant sur l'année 2017, l'Insee montre que les femmes salariées du secteur privé gagnent en moyenne 16,8 % de moins que les hommes. Cet écart est mesuré à volume horaire équivalent. Si l'on prend en compte le fait que les femmes sont plus fréquemment à temps partiel, la différence est estimée à 28,5 %.
Plus encourageant, cet écart a tendance à diminuer dans le temps. Pour les salariés à temps complet, il était encore de 29,7 % en 1976. Cette réduction n'a pas été uniforme dans le temps, puisque la baisse était de 0,5 point par an en moyenne jusqu'à la fin des années 1970, avant une période de stagnation de 1980 à 2000 sous l'effet de l'essor du travail à temps partiel. Depuis le début des années 2000, les différences se réduisent à nouveau de 0,4 point par an en moyenne.
Rôle du volume horaire
Cette trajectoire montre à quel point le volume horaire joue un rôle dans les écarts salariaux. « Plus de 40 % de cet écart résulte des inégalités de temps de travail », indique cette étude. D'ailleurs, les écarts sont plus marqués dans le secteur privé que dans le secteur public (12,4 % en équivalent temps plein), où les différences de volume horaire sont moins importantes.
Le reste s'explique par ce que l'Insee appelle la « ségrégation professionnelle » : les hommes et les femmes n'occupent pas les mêmes métiers dans les mêmes secteurs. En la matière, les clichés ont la vie dure, puisque les professions de la santé et du social sont surreprésentées chez les femmes, la construction et le transport chez les hommes. Parmi les hommes, 22,8 % sont cadres, contre 17,5 % pour les femmes.
Accès aux postes mieux rémunérés
Souvent pointée du doigt, la discrimination salariale ne joue qu'un rôle minoritaire. A poste équivalent, pour un temps plein, l'écart de salaire se réduit à 5,3 % dans le privé. Et encore, rien ne dit que cette différence est liée à la discrimination. « Elle peut refléter des différences de caractéristiques non observées susceptibles de biaiser à la hausse comme à la baisse l'estimation », estime l'Insee.
En revanche, les femmes sont beaucoup moins représentées dans les postes les mieux payés, et encore plus si elles sont mères de famille. « Les mères ont ainsi une probabilité d'accéder aux 1 % des emplois les mieux rémunérés inférieure de 60 % à celle des pères, alors que la probabilité d'accès des femmes sans enfant n'est inférieure à celle des hommes sans enfant que de 30 % », indique l'étude.
Plus les femmes ont d'enfants, plus elles sont pénalisées sur le plan salarial : à temps de travail équivalent, une mère de famille de trois enfants ou plus est rémunérée 31,3 % de moins qu'un père de famille. L'écart dépend aussi beaucoup du niveau de diplôme : il est de 29 % pour les diplômés à bac +3 ou plus, contre 15,8 % pour ceux qui n'ont pas le bac.
LesEchos.fr