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Place de la femme dans les médias en Afrique: un combat de longue haleine

Place de la femme dans les médias en Afrique: un combat de longue haleine

Si la place des femmes est de plus en plus prépondérante dans les médias en Afrique, des défis restent encore à relever pour faire de l'égalité entre hommes et femmes une réalité.

La direction de la communication de la Présidence turque a organisé, du 25 au 26 mai à Istanbul, le Sommet des médias Turquie-Afrique. L'événement a connu la participation des acteurs des médias venus de la Turquie et de 45 pays africains, ainsi que des diplomates et des figures de la société civile.

 

Au menu des échanges, des thèmes variés, dont la place de la femme dans le journalisme. La situation reste contrastée en fonction des pays, tel qu’ont confié les actrices du domaine au cours des entretiens accordés à l’Agence Anadolu, en marge du sommet. Si la place des femmes est de plus en plus prépondérante dans les médias en Afrique, des défis restent encore à relever pour faire de l'égalité entre hommes et femmes une réalité, jugent-elles.

 

Seynabou Diop Sow, journaliste à la Radiotélévision sénégalaise (RTS) a félicité la Direction de la communication de la Présidence turque d’avoir organisé le Sommet des médias Turquie-Afrique, un événement qui a réuni plus d’une centaine d’acteurs des médias de nationalités différentes.

 

Le numérique, a dit Seyanabou Diop, est l’avenir du monde. Cependant, a-t-elle ajouté, c’est un couteau à double tranchant qu’il faut utiliser avec précaution.

 

"Au Sénégal, le numérique prend de la place dans le service public, même si c’est de manière timide. La RTS a mis en place une cellule digitale. C’est pour permettre à cet organe de services publics de rétablir les faits en donnant les bonnes informations et contrecarrer la désinformation causée par les réseaux sociaux ", a-t-elle affirmé.

 

Pour sa part, les femmes restent encore caricaturées dans les médias par des affaires qui ne les valorisent pas, une réalité amplifiée avec l’avènement des réseaux sociaux. Pour pallier les dérives liées à la mauvaise utilisation dans le cadre de l’exercice de leur métier, a-t-elle suggéré, les femmes doivent "vérifier la source, aller à la bonne source, avant de publier les informations."

 

Cette démarche permettra à la gent féminine de mieux faire valoir ses compétences, a-t-elle fait savoir.

 

Francisca Déborah Nielenga, conseillère à la communication et aux médias au ministère congolais de la communication et des médias, a déclaré que les autorités de son pays déploient des efforts afin de faire de l’égalité entre les hommes et les femmes une réalité dans l’environnement médiatique.

 

"C’est garanti par la Constitution de la République. Les dirigeants font des efforts pour que les femmes soient de plus en plus représentées à tous les niveaux de responsabilité, a-t-elle dit. En ce qui concerne l’exercice du journalisme, il existe encore des clichés dans la mentalité des hommes. Il arrive souvent qu’on nous rappelle notre nature de femme, surtout lors des débats ou dans la prise de décisions."

 

Selon elle, la seule façon pour améliorer cette situation est la valorisation de la compétence.

 

"La seule solution est de faire valoir nos compétences. Pour nous faire respecter, il faut bien faire notre travail. C’est ce que la femme s’attelle à faire. Il faut donc la femme se mette davantage au travail pour se faire accepter dans notre domaine", a-t-elle poursuivi.

 

Nevy Moundele-Ngolo, directrice de production de la Télévision congolaise (CTV), a, elle aussi, salué l’initiative de réunir les acteurs des médias des pays africains pour discuter des sujets d’actualité, et jeter les bases d’un réseau dédié au partage d’informations et d’expérience.

 

Pour sa part, la place occupée par les femmes dans la sphère médiatique congolaise ne relève non pas d’une faveur, mais du mérite. Le Congo, a-t-elle mentionné, est un bon exemple en matière de promotion de l’égalité entre hommes et femmes dans le secteur des médias.

 

"Au sein de la structure qui m’emploie, par exemple [CTV], il y a six directions centrales, dont quatre dirigées par des femmes. Ce sont des avancées très significatives, a noté Nevy Moundele-Ngolo.

 

La compétence ne trompe pas. Les femmes doivent se former, acquérir des compétences à faire valoir. La compétence nous permettra de mieux rivaliser avec nos confrères hommes, mais aussi pour faire valoir l’image de la femme. Il revient à la femme d’oublier les stéréotypes que lui imposent la société pour faire évoluer la situation. "

 

Monique-Félicité Tjouen, journaliste sportive à la "Cameroon radio and television" (CRTV), service de média public camerounais, pense que la femme s’affirme de plus en plus dans la sphère médiatique de son pays. Même si les débuts ont été difficiles dans le domaine des sports, domaine souvent réservé aux hommes, dit-elle, il a fallu du courage pour faire valoir mes idées.

 

"J’ai forcé l’admiration des gens sur les femmes, qui restent marginalisées dans le domaine des sports. Aujourd’hui, le sport au Cameroun se conjugue aussi au féminin. Si le monde connaît le Cameroun à travers les Lions indomptables, on le connaît aussi désormais à travers les Lionnes indomptables qui font elles aussi la fierté du pays", a-t-elle souligné.

 

Outre le courage, les secrets pour s’imposer dans le secteur des médias sont le talent et les compétences.

 

"Les médias sont le quatrième pouvoir, a déclaré Monique-Félicité Tjouen. Il faut braver la peur pour exercer le métier de journaliste. C’est un métier formidable, de contact, de rencontres. À travers ce métier, on peut changer le regard de la société, et même le monde. Qu’elles soient courageuses surtout dans le milieu du sport."

 

Le Sommet des médias Turquie, qui a duré deux jours, a été organisé en marge de la célébration de la Journée mondiale de l'Afrique, le 25 mai. La rencontre compte parmi les nombreuses actions de la Turquie visant à développer les rapports avec le continent africain.

@aa.com